Même si notre société est en train de vivre une mutation de fond et la fin d’une ère, comme nous l’expliquent Marc Halevy et beaucoup d’autres, nous sommes encore largement dans une société de l’avoir : acquérir, posséder, montrer, accumuler, gagner, gagner encore, plus, toujours plus, pour posséder encore, davantage … mais de quoi finalement ??
Avoir pour être
Notre valeur et celle de notre vie se mesurent ainsi à ce que nous détenons comme richesses matérielles et financières : nous sommes ce que nous gagnons que ce soit en salaire ou en chiffre d’affaires, nous devenons ce que nous nous achetons avec.
Nous sommes notre voiture, notre maison, nous sommes notre future paire de chaussures de luxe ou notre écran plat, nous sommes une machine à café ou un téléphone !
Or est-il bien utile de rappeler que l’argent n’achète pas tout et surtout pas l’essentiel : l’air que nous respirons, notre liberté, nos relations, le temps.
Pourtant nous le perdons de vue, comme la plupart des personnes qui rêve de liberté mais s’enferme dans un cercle vicieux dont elle n’arrive plus à se sortir : gagner de l’argent à tout prix, toujours plus même si c’est au détriment de son épanouissement, de sa santé, de son temps libre partagé avec ceux qui comptent … finalement ils comptent moins.
Cela devient une quête sans fin : chaque pallier d’argent atteint ne produit pas très longtemps sa dose de bonheur qu’il faut alors accéder au niveau supérieur pour tenter d’y goûter de nouveau, comme une drogue.
Tal Ben Shahar, passionnant professeur de psychologie positive à Harvard, dans son livre que je vous recommande chaudement L’apprentissage du bonheur, appelle ce type de comportement : le fonceur, car « il fait passer l’avenir avant le présent et se prive en prévision d’un bénéfice anticipé ». Sacrifier un bonheur immédiat au non d’un bonheur à venir devient la recette de la réussite. « On n’a rien sans rien ».
« Ce qui singularise les fonceurs » écrit l’auteur, « c’est qu’ils croient constamment qu’ils seront heureux le jour où ils atteindront un objectif donné ».
On pense par exemple aux personnes qui ne vivent qu’en projection de leur retraite, ceux qui gravissent inlassablement les échelons de leur carrière ou certains sportifs de haut niveau qui courent après un podium éphémère.
Arrêter de remplir sa vie d’avoir …
On remplit sa vie de choses pour exister mais on appauvrit son être. On comble notre vide intérieur en biens extérieurs. En s’encombrant de la sorte, notre vie devient lourde : de choses à faire, à classer, à ranger, à trier, à jeter, à nettoyer, à réparer, à mettre à jour, à déménager, à publier, à liker, à réserver, à rechercher, à comparer, à enregistrer, etc.
Il nous faut recevoir de l’extérieur ce que nous ne savons plus nous offrir de l’intérieur : du respect, de la reconnaissance, de la gratitude, de l’amour avec ce que les conséquences perverses que cela engendre, comme l’envie, la jalousie,l’individualisme, la compétition.
Nous n’existons plus au travers de qui nous sommes, nous existons au travers de ce que nous avons. Nous ne nous regardons plus avec nos yeux à nous en plongeant à l’intérieur de nous-même, nous nous voyons dans les yeux des autres avec fierté ou avec honte.
Cela fait tellement partie de la norme qu’on ne s’en rend même plus compte : on ne remet pas le système en cause, on suit le mouvement.
En même temps, il n’est pas facile de remettre le système en cause mais qui a dit que facile était synonyme de bien-être ?
Je suis la 1ère à suivre le mouvement bien sûr et pourtant je me sens profondément anti-matérialiste : je n’attache pas d’importance aux objets, encore moins aux « grandes » marques.
Le domaine du luxe ne me parle pas : je peux aussi bien craquer sur un sac à 20 euros qu’à 200.
Je déteste les grands magasins et encore plus ces affreuses zones commerciales envahies par les voitures le WE.
Je n’aime pas particulièrement le shopping.
J’ai davantage de plaisir à acheter d’occasion que neuf.
Je suis une grande conservatrice mais davantage par souci économique et de préservation de la planète : je n’aime pas jeter.
Je préfère offrir des souvenirs et des émotions que des cadeaux (qui se rappellent de ses cadeaux de Noël dernier ?) et ce depuis toujours.
Dans notre société actuelle, nous n’avons jamais autant détenu une telle quantité de biens matériels mais nous n’avons jamais autant été malheureux, déconnectés de nous-mêmes, du sens de notre existence : avoir n’a pas de sens en soi.
Être à soi et aux autres : si !
… s’accomplir en étant soi
On gagne tellement à s’alléger, à se délester de ce qui nous encombre : on devient plus libre. Car ce qui nous encombre nous éloigne de l’essentiel et nous-même.
La quantité nous fait perdre notre boussole et nos repères, nous nous perdons dans notre vie, noyés sous notre liste d’amis virtuels, notre liste de fans, notre liste de choses à faire, nos listes d’achat, nos listes d’envies.
La vie devient compliquée et pesante, une course stressante et une frustration permanente.
Notre confort devient sans qu’on s’en rende compte une prison dorée qui nous étouffe et nous éteint à petits feux.
Gagner de l’argent devient le moteur et une fin en soi, mais en nous éloignant de qui nous sommes, nous vide de toute notre énergie créatrice.
Accomplir vient de l’ancien français complir, issu du latin complēre (« remplir »).
Accomplir signifie achever entièrement, mettre à exécution, réaliser complètement.
Réaliser c’est rendre réel, et réel signifie vrai, sans fiction, ni figure.
S’accomplir c’est se remplir de ce qui est réel, de soi, se rendre entièrement réel en exprimant complètement qui nous sommes sous toutes nos facettes. Notre nature est multiple et riche.
Être pleinement à soi et aux autres avant d’avoir permet de se remplir de l’essentiel.
Être, faire puis avoir
Je vous invite à lire cet article que j’ai découvert sur le site La solution est en vous : « Le bon Combat », je vous en livre quelques extraits :
« Être, c’est le point de départ, là où tout commence. »
« La poursuite d’un rêve qui nous tient à cœur nous pousse à rassembler les ressources nécessaires pour aller jusqu’au bout et ce malgré les obstacles »
« Bien souvent nous pensons d’abord au résultat : AVOIR avant de commencer à ÊTRE ou à FAIRE, mais c’est une erreur, puisque AVOIR c’est récolter les fruits des graines que nous avons semées. »
Avoir n’est jamais une fin en soi, il n’est qu’une conséquence de qui nous sommes entièrement et de ce que nous réalisons.